TRAGÉDIE AU LYCÉE DE DEIDO À DOUALA

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Le vendredi 29 mars 2019, le Cameroun tout entier était sous le choc après l’assassinat à l’aide d’un couteau de l’élève TSANOU ROCHNAN Blériot par son camarade. Loin des émotions, plusieurs personnalités de la société civile décrient l’absence du civisme et de la morale dans nos établissements scolaires et questionnent la place de la société dans l’éducation des jeunes Camerounais.

Réactions de Augustin NTCHAMANDE, Coordonnateur du mouvement La Dynamique Citoyenne, et membre du syndicat des enseignants du secondaire Synaes.

Tragédie du lycée bilingue de Deido: non l’école n’est pas un foutoir!

On a appris avec stupeur et consternation la tragédie survenue vendredi dernier sur un campus scolaire à Douala. Un élève exclu de l’établissement a poignardé à mort un élève et en a blessé d’autres. Les amateurs du sensationnel et de la superficialité y sont allé avec leurs émotions et la recherche du bouc émissaire qui accompagnent ce genre de drames sociaux. Il faut cependant aller au delà de l’événementiel pour questionner notre école dans ses rapports avec la société.

Nous disons sans ambages qu’il faut revenir à la bonne vieille école qui apprenait aux enfants qu’ils ont d’abord des *devoirs* . Les « droits de l’enfant » imposés par l’Occident ont foutu le bordel sur nos campus scolaires devenus des zones de non droit. La frilosité des politiques qui sont tolérants sur le sujet pour éviter les révoltes qui les emporteraient (cas du Dr Ngueti Michel, ex proviseur du lycée classique de Bafoussam qui avait été par ponce pilatisme cloué au pilori pour avoir voulu nettoyer les écuries d’Augias), couplée à la complaisance des parents qui sont prêts à dégainer contre l’enseignant bouc émissaire, ont fini de convaincre tout le monde que la punition à l’école et en famille est un délit, voire un crime.

Des enseignants sont en prison ou en procès pour avoir voulu ramener à l’ordre des délinquants notoires.

Il y a eu certes des excès condamnables ! Du coup se pose la question de la frontière entre *indiscipline* , *délit* et *crime* de droit commun, dont se rendent coupables de prétendus élèves dans nos établissements scolaires. 

En effet, à partir de quel moment un acte cesse t-il d’être de l’indiscipline pour devenir un délit ou un crime réprimé par la loi pénale? Quand on aura répondu clairement à cette question, on cessera d’admettre ou de garder complaisamment des criminels dans nos établissements scolaires comme on introduit des loups au milieu des agneaux. Il est temps de séparer le bon grain de l’ivraie.

L’école est un lieu d’éducation et de formation, pas un centre de rééducation.

Notre société a plus que besoin que des centres comme BETAMBA qui étaient chargés de rééduquer ces jeunes désocialisés soient réhabilités ou construits. Et cette mission complexe n’est pas celle de l’enseignant. Les politiques sont interpellés au premier chef. Tant que la société voudrait que l’école soit à son image au lieu que l’école soit la fabrique sociale par excellence, la liste des tragédies comme celle du lycée bilingue de Deido ne fera que s’allonger.

Au fait, que font les autorités publiques pour limiter l’accessibilité aux jeunes des drogues et produits vendus et consommés illégalement?

Les effectifs démentiels imposés aux chefs d’établissements au nom de la gestion des conséquences sociales de la crise politique et sécuritaire dans les régions du Sud-Ouest et du Nord-Ouest sont-ils compatibles avec le maintien de la discipline au sein d’un établissement scolaire? C’était déjà le cas au collège Voltaire de Bafoussam l’année dernière. Alors, à qui le tour demain?

Augustin Ntchamande / Conseiller Pédagogique / Consultant en éducation

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